Jacques de Chateauvieux, le sucrier devenu armateur

Membre du conseil de surveillance d’AXA depuis 2005, vice-président de ce même conseil depuis hier et appelé à en devenir le président le 22 avril, Jacques de Chateauvieux fait, à cinquante-sept ans, une entrée fracassante dans le monde des assurances – même à un poste non opérationnel – et dans l’establishment du capitalisme français. Pour ce Réunionnais né à Saint-Denis mais ayant eu très tôt des attaches en métropole, il s’agit d’une consécration.

PDG depuis 1979 d’une petite entreprise familiale de la Réunion, les Sucreries de Bourbon, Jacques de Chateauvieux a pour principal fait d’armes d’avoir réinventé en trois décennies le modèle de développement de cette société au point de la hisser au rang de leader mondial des services maritimes aux compagnies pétrolières opérant dans l’offshore profond. Cette mutation totale, il l’a conduite en sachant saisir des opportunités et en donnant la priorité à la réflexion stratégique. Diplômé de l’Institut supérieur de gestion de Paris, titulaire d’un MBA de Columbia University à New York, et passé par le Boston Consulting Group avant de reprendre les rênes de l’entreprise familiale, l’homme avai acquis très tôt la capacité de se remettre en cause.

Fulgurante ascension

Sur le terrain, cette double aptitude a permis une évolution surprenante de Bourbon. Après une première décennie consacrée à restructurer la sucrerie familiale, Jacques de Chateauvieux décide en 1979 de la diversifier. Il se lance dans la grande distribution, à la Réunion, à Maurice, à Mayotte et au Vietnam. Il acquiert une compagnie maritime marseillaise, Chambon, premier pas vers une nouvelle mutation du groupe.

En 1998, le conglomérat entre en Bourse, mais les investisseurs ne suivent pas. Le dirigeant recentre l’entreprise sur les seuls services maritimes. S’ensuivront les cessions de la branche historique du sucre, du pôle distribution revendu à Casino, et le début d’une fulgurante ascension dans le maritime, avec à la clef de très ambitieux plans de développement se traduisant ces derniers mois par la livraison d’un nouveau bateau tous les douze jours. Objectif à l’horizon 2012, à l’issue d’un nouveau plan d’investissements de 2 milliards d’euros : gérer plus de 450 navires.

A côté de la présidence du conseil de surveillance d’AXA, Jacques de Chateauvieux continuera à présider aux destinées de Bourbon. Mais il a aussi d’autres activités, dont la gestion de son holding personnel, Jaccar, avec un portefeuille de participations très diverses : pêche industrielle à la Réunion, immobilier en Chine, au Vietnam et surtout à la Réunion via la foncière CBO Territoria cotée en Bourse, construction navale en Chine, et en Bretagne, où Jaccar détient 40 % du capital du chantier naval Piriou à Concarneau.

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février 29th, 2008 by